Campus Grand Parc : un projet écolo pour le 21e siècle
Conseil municipal du 16 novembre 2020 (2)

C’est le grand projet de Villejuif, initialement centré sur un pôle d’emplois de santé et de recherche autour de Gustave Roussy, mais qui a mystérieusement dérivé vers une opération immobilière mangeant le parc des Haute Bruyères. La nouvelle majorité s’est vue immédiatement confrontée aux premiers permis de construire : la consultation publique a révélé un refus unanime.

Ce soir, on examine simplement, rite habituellement formel, le bilan d’activité (le CRACL) de la Sadev, l’aménageur, pour 2019. Mais là-dessus, Natalie Gandais prend la parole et expose la vision des écologistes :

 

Monsieur le Maire,

La présentation du CRACL de la Zac Campus Grand Parc est pour le groupe Villejuif-Écologie l’occasion de remercier vivement vous-même, Gilles Lafon, et la SADEV, qui avez accepté d’engager une concertation sur la ré-orientation de la ZAC dans une perspective plus écologique.

Cette réorientation est un souhait des écologistes, préoccupés dès 2013 par les menaces qui pesaient sur  le Parc des Hautes Bruyères,  formulé avec une certaine constance depuis les origines du projet. Nous avons d’abord obtenu que le Schéma Directeur de l’Ile-de-France (SDRIF) positionne une grande marguerite sur le parc des Hautes Bruyères pour indiquer que le parc est un espace vert d’intérêt régional, « à maintenir ou élargir ». Ce qui contrebalance la pastille rouge de densification placée sur la future gare IGR. Dans le même esprit, dans les premiers temps de la Zac, nous avons soutenu la mobilisation des jardiniers familiaux de l’Epi d’Or, dont un tiers devaient être supprimés, et nous avons obtenu leur protection.

Ce rapport est donc l’occasion de présenter au public et aux concitoyens dans quel esprit nous participerons au comité de pilotage qui travaillera aux nouvelles orientations de la Zac.

 

J’interviendrai d’abord sur le plan de la santé.

Le principal problème du projet d’aménagement, qui a une forte vocation santé -recherche, c’est qu’il ne prend pas suffisamment en compte à nos yeux la notion de prévention santé, et de santé environnementale. Bien sûr le fait d’être situé en lisière d’une autoroute qui émets des particules nocives ne facilite pas les choses… Il conviendrait de regarder comment on peut protéger les usagers du site, habitants et salariés, de ces nuisances. Dans le PLU 2015, j’avais imposé de tracer le long de l’autoroute une bande de protection de 100 m de large dans laquelle il serait interdit de construire des logements et des équipement sensibles. Chacun sait hélas que cette bande a été positionnée non pas à partir de la bordure de l’autoroute mais à partir du milieu de l’autoroute… ce qui réduit d’autant l’efficacité de la protection. Puisque nous nous orientons vers la révision du PLUI (plan local d’urbanisme intercommunal), nous vous demanderons de repositionner la bande de 100m à partir de la lisière de l’autoroute.

D’autres mesures pourraient être envisagée pour la santé des futurs occupants, à commencer par la plantation d’une bande forestière tout le long de l’autoroute, les arbres ayant la capacité de capter les particules. Il faudra aussi travailler à un mur antibruit…

Et pour se rapprocher de l’esprit de la loi sur l’air, en attendant que le PLUI l’impose, renoncer à positionner des équipement sensibles (tels une crèche) dans les immeubles les plus proches de l’autoroute. Dans ce sens nous vous invitons à modifier le permis de construire de l’ilot D1b en vue d’en ôter la crèche.

 

Ensuite, sur la question des espaces verts

Notre équipe municipale, qui a déclaré Villejuif en situation d’urgence écologique et climatique, s’est fixé l’objectif de 10 m2 d’espace vert par habitant. IL est clair que la ZAC, qui aujourd’hui propose seulement de restituer surface pour surface les espaces verts détruits pour être urbanisés, ne peut pas y parvenir. Dans l’esprit de la grande marguerite, un premier geste serait de renoncer à diminuer le parc, c’est-à-dire renoncer à construire sur l’ilôt D2.

Pour parvenir à notre objectif de 10m2 d’espace vert par habitant, il sera également nécessaire que nous recherchions de notre côté les espaces verts pour contribuer au ré-équilibrage. Les grands terrains du SIPB, environ 5ha non bâti situés entre Villejuif et Arcueil, pourraient largement y contribuer si on les fait évoluer en forêt urbaine.

 

La question de la forme urbaine

Un autre problème, c’est le PLU 2015, qui définit un secteur UAa pour la Zac CGP. A l’époque, la Sadev avait refusé fermement d’inscrire toute contrainte en termes d’emprise au sol des bâtiment (qui peut donc atteindre 100%, contrairement au reste de la zone UA où elle est limitée entre 55 et 66%), tandis que les hauteurs peuvent atteindre 40m et même 50 m dans le rayon de 500m autour des nouvelles gares de métro.

Dans le nord de la Zac, si on peut entendre le principe architectural des grandes hauteurs pour faire face au bâtiment de l’IGR, en revanche les morceaux de la ZAC qui se rapprochent du tissu urbain, par exemple avenue Allende, il conviendrait d’accepter une meilleure insertion en termes de hauteurs pour se rapprocher des préconisations de la zone UA.

Nous souhaitons également des constructions vertueuses et innovantes au regard de l’écologie. Utiliser des matériaux qui fixent le carbone, des immeubles tout en bois et pas seulement des bardages bois… Concevoir des immeubles-forêt. Concevoir des immeubles à énergie positive…

Des constructions économes à l’usage pour les habitants, et créatrices de lien social, intégrant des locaux collectifs, comme des buanderies, des bricothèques, des chambres d’hôtes pour recevoir la famille, bien-sûr des espaces vélos suffisamment grands pour anticiper le développement de ce mode de déplacement, avec des prises pour les recharger… Des espaces extérieurs adaptés au compostage collectif…

Des commerces éthiques, vêtements issus de fibres recyclées, magasin de bio et de vrac, restaurant végétarien, restaurants solidaires, pépinière… Des pieds d’immeubles voués à des entreprises d’économie sociale et solidaire…

 

Nous proposerons aussi des orientations pour le sud de la ZAC.

-> Réfléchir soigneusement à la destinée d’Armand Gouret, objet d’un conflit entre Sadev et OPH à propos du prix (2millions versus 11 millions). Vous avez vu l’inquiétude des locataires dans le petit film sur l’OPH, qui craignait en cas de démolition de ne pas pouvoir être relogé au même prix. Nous avions en 2015 proposé que Armand Gouret soit réhabilité plutôt que démoli/reconstruit, sauf peut-être la travée du milieu pour permettre une voirie de désenclavement.

On sait aujourd’hui faire des réhabilitations très écologiques, avec isolation phonique entre les appartements, avec des matériaux naturels comme l’isolation par l’extérieur avec un mélange paille/chaux… On sait faire de l’isolation phonique performante entre les étages.

Nous savons que les démolitions/recontructions ne parviennent jamais à un loyer + charges équivalent pour les locataires, nous savons bien que c’est ce qui freine énormément l’opération de renouvellement urbain côté Lamartine… Le financement par l’État ne permet pas ces équilibres.

Je pense que nous devons conserver à Villejuif un volume de logements à très bas loyers, ce qui n’existe que dans les immeubles anciens. Bien sût il faut se battre pour des réhabilitations de grande qualité…

-> La ferme urbaine, pourrait s’implanter sur l’ilot E7. Peut-être même pourrait-elle s’étendre au-delà, sur les terrains des Maraichers qui ne font pas aujourd’hui l’objet d’une protection.

Ainsi, le secteur sud, articulé autour de la ferme urbaine, avec des immeubles neufs tout en bois et des réhabilitations de qualité « écolos » pourrait devenir un modèle d’écologie urbaine, en proximité immédiate de Paris, dans le monde d’Après que nous devons concevoir.

 

Enfin, quelle densité ? quel nombre de logements ?

La note de la Sadev rappelle les grandes étapes d’élaboration du projet de Zac depuis les années 2000, jusqu’au dossier de réalisation en décembre 2015 qui fixe la perspective démesurée de construire 3300 logements.

Pourtant elle ne mentionne pas le seul contrat signé entre les Villes et l’État, le 18 octobre 2013, le Contrat de développement territorial (CDT) qui prévoit seulement 1720 logements et la mise à disposition de la Redoute par l’Etat ! C’est bien entre décembre 2013 et décembre 2015 que la densité de logements a doublé, selon le rapport de la Sadev, sans aucune nouvelle étude ni débat politique. 

C’est à cette programmation de logements, issue d’une longue réflexion de la Communauté du Val de Bièvre et de la Vallée Scientifique de la Bièvre, validée par l’État, que nous demandons de revenir. Elle nous parait la seule « soutenable » pour notre territoire, au vu de nos capacités à offrir des espaces verts comme des équipement publics.

 Pour terminer, je voudrais revenir sur l’’attitude totalement dommageable de l’État, qui a laissé, depuis la sortie du premier confinement, se développer dans le fort de la Redoute une gigantesque décharge sauvage.

***

Cet exposé fait forte impression, y compris dans le public qui suit par video-conférence (Natalie recevra des messages d’approbation). Elle l’avait présenté en bureau municipal et mis par écrit à la demande du maire.

Alain Weber approuve l’accent mis sur la recherche et la santé, appel à revivifier le Maison du projet (sur le parking de l’IGR), critique l’urbanisme en ilots fermés (voir le plan du secteur D1b !), pense que c’est au sud de la ZAC qu’il faut renoncer à densifier : c’est loin de tout transport en commun.

Le maire Pierre Garzon se conclut alors, tout en critiquant l’État qui a laissé tomber son « Opération d’Importance Nationale », par un éloge inattendu (et fort bienvenu) de… la Vallée Scientifique de la Bièvre, aujourd’hui en sommeil…  mais qui bouge encore !

Cette association de villes du sud de Paris, desservies par le futur métro M15, spécialisées dans la santé et la recherche, fut  la partenaire de l’État dans la signature du seul engagement juridiquement contraignant, le Contrat de Développement Territorial « Campus Sciences et Santé », qui fixait un objectif de 1720 logements et donnait une priorité absolue au pôle de santé international.

Un projet enthousiasmant pour Villejuif !

Alain Lipietz

***

 

Le compte-rendu du conseil municipal du 16 novembre est en plusieurs parties :

 

  1. Office public de l’habitat : il va falloir choisir
  2. Campus Grand Parc : un projet écologiste pour le XXIe siècle
  3. La Halle des sports bouge encore
  4. Urbanisme à Villejuif : plus de vert, plus de social 

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