Plus tôt dans l’année que sous F. Le Bohellec, le conseil municipal examine les comptes officiels de l’année précédente, 2020. Une année bizarre.
Minoritaire depuis septembre 2019 dans son conseil municipal, car il avait rompu avec tous ses alliés et plusieurs amis (ça ne s’est pas arrangé depuis), le maire d’alors, F. le Bohellec, avait renoncé à tenter de faire voter un budget pour 2020, mais ses services l’avaient préparé. Il a dirigé la ville en roue libre la moitié de l’année 2020, dépensant sans vergogne ce qui était prévu pour l’année. L’équipe Tous ensemble pour Villejuif, à qui les Villejuifois donnent la préférence fin juin, n’entre en fonction que le 4 juillet 2020. Elle se hâte de faire enfin voter le budget 2020, le 23 juillet, ne modifiant qu’à la marge celui préparé par les services (versement d’une prime Covid aux agents qui avaient été en première ligne, dotation de solidarité aux familles les plus précarisées…) Puis, en septembre, on vote un budget supplémentaire soldant les factures « oubliées » de F. le Bohellec… et mettant fin aux dépenses indues. Il a fallu aussi rajouter de l’argent pour les crédits de l’ensemble de l’année consommée en 6 mois par F. le Bohellec.
Bref, une année partagée entre deux municipalités très différentes, perturbées par la covid, sans décision d’investissement majeure. Mais le rapport sur les comptes permet de l’inscrire dans la durée. Ce que tente encore de nier l’intervention de la droite en la personne de Le Bohellec soi-même, qui m’attaque particulièrement sur la politique de l’endettement. Je prends la parole après lui, il quitte aussitôt la salle, à l’indignation des élus de gauche . Qu’importe, de toute façon il n’a jamais rien compris à la question de la dette.
D’abord, la vérité sur l’endettement.
L’objectif, répété pendant six ans par le Bohellec, c’était le désendettement de Villejuif. Le bilan est désormais clair : si on compare la dernière année pleine de Mme Cordillot (2013) et la dernière année pleine de M. le Bohellec (2019), celui-ci a augmenté l’endettement de la ville, qui passe de 107,2 millions à 112,6 millions. (Le pic observé en 2016 correspond aux emprunts toxiques contractés par Mme Cordillot, qui a spéculé de façon bien imprudente sur la stabilité du franc suisse, du Yen, etc. Ce pic est effacé les deux années suivantes par des compensations de l’État).
Nous savons comment la dette est restée accrochée les deux dernières années de Le Bohellec à ce haut niveau, malgré la vente de la plupart de nos réserves foncières aux promoteurs et le pactole de 9 millions par an apporté par l’adhésion au Grand Orly Seine Bièvre. À partir de la fin 2018, l’argent des Villejuifois est littéralement jeté par les fenêtres : rue refaite plusieurs fois de suite, 3 système différents de ramassage des dépôts sauvages d’encombrants désormais autorisés n’importe quel jour, inaugurations électoralistes en catastrophe d’équipements en bois : la Maison de la Nature, jamais vraiment ouverte , et les Petites Unités de Lecture Publique, construites tellement vite qu’il faut déjà les fermer pour les réparer. Du coup, F. le Bohellec doit contracter secrètement, en novembre 2019, deux emprunts illégaux !
Mais nous constatons que, en 2020,… Villejuif commence à se désendetter :108,3 millions, soit une baisse de la dette de 4,3 millions. Et pourtant nous avons contracté une nouvelle dette de 5 millions. C’est là-dessus que m’a attaqué M. le Bohellec. Eh bien oui, il est normal de se ré-endetter au fur et à mesure que l’on rembourse des dettes anciennes. J’ajoute même que l’on aurait pu s’endetter beaucoup plus : il faut profiter des taux d’intérêt dérisoires que pratique la Banque centrale européenne (pour notre ville : à un taux de 0,38 % pour un emprunt de longue durée !), car ça ne durera pas.
Une gestion en excédent malgré la Covid.
En janvier 2021, nous avons voté notre premier budget « sérieux », sans connaître ce que seraient les comptes finaux de 2020. Nous n’avons pas fait de pari, réservant les éventuels excédents de 2020 pour le budget d’investissement supplémentaire que nous voterons au prochain conseil municipal, en juin.
Eh bien, ce « rab » n’est pas négligeable : un excédent de fonctionnement de 6,174 millions, un excédent du budget d’investissement de 1,036 millions, qui sera toutefois mangé par un « reste à réaliser » équivalent. Le budget d’investissement est en réalité en déficit, faute de rentrées… et du fait des lourds remboursement de dettes contractées sous le Bohellec. Au total, c’est à dire remboursement des dettes déduit, la « capacité d’autofinancement » de la Ville n’a pas cessé de baisser depuis 2017 :
Évidemment, la nouvelle chute de 2020 est largement due à la covid. Combien l’épidémie nous a-t-elle coûté ? La réponse des comptes est intéressante. La covid a diminué les rentrées économiques, elle a permis à la Ville d’économiser des dépenses (les cantines fermées au premier confinement) mais de perdre les rentrées correspondantes, et la politique de solidarité pratiquée par la nouvelle municipalité a occasionné des nouvelles dépenses, toutes inscrites aux budgets de juillet et septembre. On avait alors perdu 1 million d’euros. Mais la seconde vague et le second confinement sont arrivés à l’automne, augmentant le cout de 500 000 euros. Le cout total pour l’année est donc : 1,5 millions.
Il n’est donc pas excessif de dire que, sans l’épidémie, la capacité d’autofinancement de la ville aurait, elle aussi, recommencé à augmenter !
Alain Lipietz
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Le compte-rendu du conseil municipal du 20 mai 2021 est en 3 articles :
1. Conclusion du débat sur la 5G
2. Le débat sur la police minicipale
3. Comptes de 2020 :la ville commence à se désendetter.
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