Mardi, les blouses blanches s’agitent sur le Parvis devant la mairie, font signer une pétition par la population. Le maire adjoint à la santé, Mostefa Sofi , vient les rejoindre ainsi que deux autres élus Villejuif-Écologie. Une délégation des soignant.es est reçue par le maire adjoint aux Ressources Humaines, M. Chastagnac (PCF).
De quoi s’agit-il ?
De la prime Coquerel, du nom du député LFI qui l’a fait adopter (à une large majorité) par l’Assemblée Nationale à la fin de 2023.
Cette prime, versée par l’État, récompense l’héroïsme des soignants pendant la crise du Covid qui n’ont pas reçu la prime « Ségur », parce qu’ils ne sont pas salariés de la fonction publique nationale, mais par exemple des municipalités, ce qui est le cas des soignants de nos Centres de Santé Municipaux (Rouquès, Dentaire, etc)
Problème : l’État, qui n’a pas les fichiers des salariés municipaux, a fait transiter cette prime par les municipalités, à charge pour elles de les redistribuer à leurs soignants. Villejuif a ainsi reçu 99729 euros, soit 2538 par temp plein. Or la Ville de Villejuif a « avalé » cette prime au passage, refusant de la redistribuer. Nos soignants l’attendent toujours, ils ont été assez « patients », il sont en grève depuis la veille (ce qui est un geste très difficile pour des soignants) et ont obtenu une entrevue non pas avec le maire-adjoint à la Santé, qui les soutient, mais avec le maire-adjoint aux ressources humaines, qui les emploie.
Sur la place Pierre-Yves Cosnier, ils (en fait elles) abordent les passants, distribuen leurs tracts et font signer leur pétition (voyez ici).
Un élu communiste passe. Embarrassé, il « soutient leur droit à revendiquer » (encore heureux, c’est inscrit depuis plus d’un siècle dans la loi de la République) mais refuse de signer. Djamel Arrouche (LFI), suppléant de la candidate sortante Sophie Taillé-Polian (Génération.s), passe aussi : il promet d’appeler Coquerel.
Enfin les déléguées sortent de la mairie. Blanches, décomposées : c’est niet. « Jamais nous n’avons été traitées avec un tel mépris », « Ma famile vit depuis toujours à Villejuif, ma tante travaillait déjà au CMS… C’est devenu ça, Villejuif ? », « Puisqu’on nous refuse la reconnaissance de notre travail, je vais chercher ailleurs », « Ça va se savoir dans les facS où ils recrutent, s’ils comptent sur les soignants pour ouvrir un autre centre de santé [projet aux Esselières] ça sera sans nous », « Je suis retraitée, je continuais à soigner sinon il n’y a plus personne, là j’arrête », etc., etc. Une fois calmées, la délégation nous expose les arguments de M. Chastagnac.
Les arguments du refus
- « C’est la politique de notre municipalité »
En fait, cette confiscation de la prime n’a jamais été évoquée ni votée en conseil municipal, ni au bureau municipal (qui réunit les élu.es de la majorité « Tous ensemble pour Villejuif »). Villejuif-Écologie l’a appris par Mostefa Sofi et a immédiatement fait part de son désaccord. C’est une politique du Parti Communiste villejuifois (du moins de ses élu.es qui sont au courant), point.
- « Ça nous est égal ce que font les autres villes »
De fait , les autres villes du Val-de-Marne, dont les autres villes communistes telles Ivry ou Vitry, ont répercuté sans problème la prime aux soignants. Seule autre exception : l’Haÿ-les-Roses, municipalité de droite dont le maire LR est candidat aux élections législatives face au ticket sortant LFI/Verte. Étrange compagnonnage…
- « Vous avez déjà été bien servies dans la négociation des primes indemnitaires »
Il s’agit des primes « RIFSEP », compléments de salaire versés par les villes en sus du traitement « indiciaire », qui lui dépend de la classification des agents et est décidé à l’échelle nationale pour toute la fonction publique territoriale.
Le secrétaire de la CGT, délégué du personnel de la Ville, qui a rejoint le rassemblement, précise : « Il n’y a pas de négociation. Depuis décembre, on ne s’est pas revus avec la direction sur le régime indemnitaire. En décembre, ils nous ont dit : On donnera un peu plus de RIFSEP aux soignants, pour être attractifs par rapport aux autres villes . »
Cet argument de « l’attractivité » vient d’être anéanti par cette affaire. Qui désormais choisira Villejuif ?
- « Cet argent a été versé aux villes sous forme d’une « dotation de l’État à la commune ». Or une dotation n’est pas fléchée vers une dépense particulière, elle entre dans le budget général de la commune. »
Traduction : si vous vous plaignez devant un tribunal administratif de ce que votre prime a été détournée vers les dépenses générales de la commune, vous perdrez…
C’est un argument juridiquement valable (mais politiquement et socialement injuste) : la mairie de Villejuif peut en effet plaider qu’elle a le droit de confisquer la prime passée entre ses mains. Mais pas sûr qu’elle gagnerait. Tout texte législatif est précédé par un « Attendu que… » qui précise l’intention de la mesure, et les tribunaux administratifs en tiennent compte.
Les élus écologistes promettent au agents que l’affaire n’en restera pas là. En attendant, signons la pétition de soutien aux soignants !
La Victoire
Finalement, vendredi, au bout de 6 jours de grève, éprouvante pour les salarié.es et pour les patient.es (qui avaient des rendez-vous…), et après une ultime rencontre entre notre maire adjoint-Santé , Mostefa Sofi, et le maire Pierre Garzon (PCF) , celui-ci se rend à l’évidence : il faut libérer la prime interceptée ! A noter que Mostefa le lui répétait depuis novembre, avec les arguments ci-dessus. Mais en plus, l’entée en grève des agents, en pleine campagne législative, faisait tache pour le PCF, membre du même Nouveau Front Populaire que Coquerel ! Camper sur cette position aurait décrédibilisé encore plus la Gauche chez les salariés, même si nous pensons que Sophie Taillé-Polian (candidate des écologistes, suppléant LFI) n’aura aucun mal à se faire réélire, tant la macronie est disqualifiée et le RN n’a jamais été bien fort dans notre circonscription. Allons qaund même voter le 30 juin !
Photo Le Parisien
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