Qu’allons-nous faire de tant d’argent ? Budget et PLU.

Le conseil municipal arrive enfin à sa seconde grande question (après le remaniement de l’exécutif) : le budget supplémentaire. On l’a vu : il s’agit de dépenser l’excédent de 2021, mais une partie de cet excédent est illusoire, c’est simplement le « reste à réaliser » des investissements engagés en 2021 et qui ont pris du retard pour des raisons mondiales, indépendantes de notre volonté. L’excédent disponible pour de nouvelles dépenses est quand même 13 millions, auxquels il faut ajouter- autre bonne nouvelle – le produit de la taxe foncière, qui sera, nous informe l’État, supérieur de près de deux millions à ce que nous avions anticipé à la fin de l’an dernier ! (Bon , c’est une bonne nouvelle pour la Ville, pas pour les propriétaires…)

 

La proposition du bureau municipal

La première utilisation de cet argent (aubaine qui ne se reproduira pas tous les ans !), c’est de finir de se débarrasser des derniers emprunts toxiques contractés à l’époque où l’équipe Cordillot (pas la seule en France : les banques y poussaient) croyait pouvoir jouer à la finance-casino. Il s’agit d’emprunts à taux d’intérêt variables et imprévisibles. Or l’économie mondiale, du fait de l’agression de Poutine sur l’Ukraine,  entre dans une zone de tempêtes où tout peut arriver. Soit 2 millions d’euros. On paie également en une seule fois 1,13 millions d’euros de vieilles dettes pointées par la Chambre des Comptes que l’équipe Le Bohellec avait négligé de payer. Ouf.

Ensuite on gèle les tarifs municipaux et on budgète 250000 euros pour l’aide alimentaire et énergétique : la rentrée s’annonce dramatique dans les quartiers les plus pauvres. On renforce également les sorties à la mer pendant les vacances, et les classes découvertes à la rentrée (plusieurs classes n’ont pu partir du fait de la pandémie). On provisionne également l’augmentation attendue des salaires de la fonction publique décidée par le gouvernement (il a raison d’augmenter, d’ailleurs pas assez, mais c’est nous qui payons pour les agents publics municipaux). Plus l’augmentation du régime indemnitaire que méritent nos agents qui passent aux 1607 heures.

Mais l’inflation frappe aussi les dépenses de la Ville : on prévoit l’augmentation du gaz et de l’électricité consommés par la ville (+ 600 000 euros), ainsi que des aliments de la cantine scolaire.

Coté investissements : je l’ai dit, on rajoute d’abord au pot 2 millions pour la voirie, essentiellement pour le Bd Chastenet de Géry. Ahah ! « Mettre au pot », qu’est-ce que ça veut dire ? En fait, notre voierie appartient au Grand Orly Seine Bièvre, c’est à lui de l’entretenir. Mais la loi est tellement mal faite qu’il n’a pas de fiscalité propre. C’est donc aux villes de le financer… pour faire des travaux chez elles ! Cela prend la forme d’une « subvention au Fond de compensation des charges transférées ». J’ai appris à jongler avec ça, mais retenons que, pour nous, une subvention est une charge de fonctionnement alors que pour lui c’est une recette d’investissement… Ce qui a des effets sur notre capacité à emprunter pour investir, selon un mécanisme (« le levier ») que je n’expliquerai pas ici : la barbe.

Ensuite : un million pour renforcer l’offre de sites de vacances offerte par l’association de villes VVL à laquelle nous avons adhéré lors d’un conseil municipal précédent, soit en se dotant nous-même d’un centre de vacances, soit en renforçant les centres existants.

Enfin, nous diminuons de près de 3 millions l’emprunt qui avait été prévu au budget primitif (8,6 millions). Cette accélération du désendettement est censé augmenter en 2023 notre capacité d’emprunts pour les futurs investissements (à nouveau le « levier »).

 

Notre intervention

Au nom du groupe Villejuif-Écologie j’approuve l’ensemble des choix qui ont été faits, à quelques nuances près.

D’abord, détail : le million pour les centres de vacances. Nous sommes sceptiques sur l’idée d’en créer un nouveau que nous aurions à gérer, alors qu’il existe quantité d’autres structures de vacances populaires. Le personnel de la Ville, par exemple, demande d’abord une augmentation du budget du CASC (l’association qui gère les œuvres sociales de la ville), afin de financer des vacances diversifiées. D’une façon générale, on aurait pu accélérer la mise à l’abri de celles et ceux qui ne sont pas en vacances, en accélérant les acquisitions foncières pour « verdir » Villejuif, créer de l’ombre et de la fraîcheur.

Ensuite le choix de se désendetter. Nous avons pu depuis deux ans nous endetter à des taux fixes dérisoires, tout en remboursant les vieilles dettes beaucoup plus chères. L’an prochain, les taux seront beaucoup plus haut, du fait de l’inflation et du changement des politiques des banques centrales. Or nous avons à faire des investissements IMMEDIATS pour protéger la ville de la hausse inévitable du cout de l’énergie (gaz, électricité) à la rentrée et surtout en 2023, car Poutine va inexorablement fermer tous les robinets. Et de toute façon il nous faut sortir en quelques années de l’énergie carbonée (gaz, pétrole). Par exemple, c’est en novembre 2021 (donc dès avant la guerre) que le Syndicat de la Géothermie a décidé de « sortir du gaz », grâce à de puissantes pompes à chaleur, et ce sera chose faite en octobre prochain !

Si nous avons de l’argent, bien sûr il faut le provisionner à court terme pour la hausse du prix de l’énergie au second semestre, mais il faut en même temps investir pour isoler nos bâtiments et produire notre propre énergie ! Natalie Gandais a commencé à travailler sur la transformation de nos bio-déchets en biogaz, mais il y a une solution immédiate : couvrir tous les toits-terrasses de la ville de panneaux solaires, et installer partout des pompes à chaleur. Nous souhaitons qu’un budget rectificatif, à la rentrée, lance d’urgence la ville dans la transition énergétique.

La droite, sans doute assommée par ses bévues lors du débat sur les comptes 2021, n’ose rien dire sur ce budget supplémentaire 2022, qui est adopté avec 6 abstentions.

 

La modification du PLU

Il s’agit, comme son nom l’indique, d’une évolution mineure de notre Plan local d’urbanisme. Pour une modification plus importante, engageant une inflexion du PADD (le Plan d’aménagement et de développement urbain), il faudra passer par la « révision du PLUI », soit une négociation lourde avec le Grand Orly Seine Bièvre, qui a dorénavant la compétence urbanisme. En fait il s’agit surtout ce soir d’adapter le PLU de 2015 au progrès des négociations sur la rénovation de Lamartine, plus quelques détails. Dont un, significatif, permet de construite un peu plus haut que ne l’autorise le PLU dans le cas d’un immeuble adjacent à un immeuble antérieur déjà plus élevé. C’est d’ailleurs une règle générale du code de l’urbanisme, mais elle permettrait par exemple de sauver les arbres de l’opération Valophis, rue Jean-Jaurès, comme l’a fait remarquer notre élu Mostefa Sofi lors du second débat avec les riverains, qui cherchent à faire inclure ces arbres dans une coulée verte ou au moins dans le square Jean Ferrat.

Or ce débat public a vu le maire-adjoint en charge de cette opération apostropher violemment notre présidente Natalie Gandais, qui était en charge du PLU de 2015 : elle aurait dû à l’époque faire protéger ces arbres en interdisant de construire dans ce coeur d’ilot. Nous avons dit précédemment pourquoi elle ne l’a pas fait… mais, ô surprise, la modification qui nous est proposée ne les protège pas non plus ! Pourtant rien n’indique qu’il soit interdit de le faire dans une « modification de PLU » : il est interdit de diminuer le « verdissement » d’une ville (auquel cas, il faudrait une « révision du PLU »), pas de l’augmenter ! La loi Climat et résilience du 22 aout 2021 (article 194, 5°, merci Barbara Pompili…) permet même de passer par une « modification simplifiée » quand il s’agit de lutter contre l’artificialisation d’un sol !

Au nom de notre groupe, Natalie Gandais approuve la modification mais regrette cet « oubli » :
« Nous regrettons que cette modification, qui intervient pour corriger un PLU que vous avez tant décrié pour son insuffisante protection des coeurs d’îlots verts, ne permette hélas pas de mieux protéger les arbres et les boisements existants. Nous espérons que la révision de la charte de la promotion immobilière contribuera mieux à ces protections. »

La modification du PLU est adoptée.

(À suivre)

Alain Lipietz

***

Le compte-rendu du Conseil municipal du 29 juin 2022 est en plusieurs parties :

  1. Remaniement à Villejuif : au détriment des écologistes et des socialistes.
  2. Mme Tran To Nga élue citoyenne d’honneur de Villejuif
  3. Le budget 2021 était-il insincère ?
  4. Qu’allons-nous faire de tant d’argent ? Budget et PLU.
  5. À SUIVRE…

Aucun commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Non classé

Compte -rendu de la réunion de Villejuif-Écologie du 14 juin 2023

Publié le 2 juillet 2023
Non classé

Le budget 2021 était-il insincère ?

Publié le 10 juillet 2022
Non classé

Marche blanche pour Zinedine

Publié le 7 juillet 2022
Non classé

Mme Tran To Nga élue citoyenne d’honneur de Villejuif

Publié le 5 juillet 2022
Non classé

Remaniement à Villejuif : au détriment des écologistes et des socialistes.

Publié le 3 juillet 2022
Évènements

Comment l’ancien maire a laissé Villejuif sur la paille

Publié le 13 août 2020