Le budget 2021 était-il insincère ?
Conseil municipal du 29 juin (3)

 

Grosse et bonne surprise avec les comptes administratifs 2021 (les comptes de ce qui a été effectivement gagné et dépensé par la ville dans l’année 2021, et qui ne sont disponibles qu’en juin) : le résultat est très excédentaire ! Du coup, le Budget supplémentaire, que nous voterons dans la foulée, sera « généreux ». C’était prévu : le budget primitif 2022, voté en début d’année, n’était construit qu’en fonction de ce qui était sûr, on attendrait le mois de juin pour dépenser le reliquat bien calculé de 2021.

Une gestion de pingres ?

Le premier vote porte sur ce compte administratif 2021. L’excédent est vraiment impressionnant : pour le budget de fonctionnement, on a dépensé 10,7 millions de moins qu’on en a gagné (par les impôts et les subventions), et autant pour le compte d’investissements !

Plus précisément : au budget de fonctionnement, les impôts et droits de mutation ont rapporté 2,1 millions de plus que prévu, et si la ville a dépensé plus qu’en 2020 (l ‘année du confinement…), toutes les activités rendant obligatoire le port du masque ont été supprimées ou décalées. Du coup, alors qu’on prévoyait une épargne brute (servant à financer l’investissement) de 5, 8 millions, on a dégagé 8,2 millions. Mais on n’a guère pu s’en en servir dans l’année. Nous n’avons pu dépenser en investissement que 10,7 millions sur les 27,9 millions prévus.

Le nouveau maire adjoint aux finance, Gilbert Chastagnac, présente ces comptes avec satisfaction : preuve qu’on n’a pas fait d’excès ! En effet… Mais il ne faut pas attribuer ces excédents à notre pingrerie : nous ne sommes tout simplement pas arrivés à dépenser ce que nous avions mis au budget, et même les ménages les plus modestes savent pourquoi : l’année 2021 marque le début d’une étonnante période de pénuries, tout simplement. Et la guerre de Poutine ne va rien arranger.

 

2021, l’année bizarre

 

L’argent distribué dans tout le monde développé par les banques centrales et les gouvernements, à des populations et des entreprises mises en arrêt forcé pendant une grande partie de l’année 2020 par l’épidémie de Covid, s’est brutalement déversé sur les marchés en 2021, alors que l’offre correspondante n’avait pas été produite. D’où les queues, les listes d’attente, et désormais la hausse des prix, les ruptures d’approvisionnement, encore aggravées par les nouvelles vagues de covid qui, même si elles n’entrainaient pas toujours le re-confinement (sauf en Chine, « l’atelier du monde »), décimaient les équipes de « cas contacts ». Les fêtes étaient annulées, les chaines de montages automobiles mises à l’arrêt en attendant des pièces produites à l’autre bout de l’Europe ou du monde. Un simple portillon commandé en 2020 n’a toujours pas de bouton électrique, faute d’une puce commandée en Chine. Car ce phénomène a frappé particulièrement les chantiers de construction : même le bois, même les clous ont manqué !

Or le paiement n’intervient qu’à l’issue d’un chantier. Des investissements décidés au budget primitif, conçu donc fin 2020, pendant le premier semestre de la nouvelle majorité entrée en fonction en juillet, se sont heurtés à cette réalité qui a frappé l’économie mondiale. Le temps de études permet rarement de finir un chantier en une année, alors, si de plus les pénuries s’en mêlent, on prend quelques mois de retard : on finit en 2022 ce qu’on aurait dû finir en décembre 21. Et le paiement ne sera donc inscrit que dans les comptes 2022. C’est le cas, par exemple, des importants travaux budgétés pour la rénovation de l’église Saint-Cyr (qui appartient à la Ville) : les travaux commencés en novembre 21, tout le monde a pu voir qu’ils ne sont pas encore finis en juin, et les échafaudages sont démontés en juillet, laissant voir la façade d’une église gothique classée… toute neuve, en 2022. Soit plus de 800 000 euros dont les paiements sont décalés d’un an.

Au total, une fois rajouté le rabiot de 2020 et retranché ce qui « reste à réaliser », qui sera à payer en 2022, une fois finis les travaux déjà engagés en 2021 (8,7 millions), l’excédent réel total de 2021 est de 13,6 millions, à dépenser en 2022… ou plus tard.

 

La charge de la droite

 

Ignorant délibérément ce que tout le monde sait et voit de ses yeux, Mme Esclangon, de l’ancienne équipe le Bohellec, prend la parole au nom des droites et se livre à une critique en règle de notre incapacité à réaliser les investissements que nous nous étions proposés de faire lors du budget primitif 2021. Pourtant il est arrivé à l’équipe le Bohellec de ne réaliser son budget d’investissement qu’à seulement 30 % ! Dans notre cas, la réalisation de nos investissements n’a pris que quelques mois de retard. Pour une part, en juin 2022, ils sont déjà terminés… mais seront comptés sur 2022.

Plus crédible est son attaque de l’excédent du budget de fonctionnement (10,7 millions). De fait, nous y avons fait des économies, non pas faute de matériaux, mais en supprimant des fêtes pour cause de covid, et parce que nous avons eu des difficultés à embaucher, quand de nombreux cadres sont partis, parfois mais pas toujours à l’invitation de notre nouvelle majorité. « A cause de la mauvaise image de la Ville ! » dit Mme Esclangon. Et elle cite le départ de nombreux policiers municipaux, qui nous a économisé 1,7 millions. Bref, conclut-elle, « Votre budget 2021 était insincère, vous n’aviez pas l’intention de faire les dépenses annoncées ». Et elle cite notre engagement de réparer le Bd Chastenet de Géry, afin de rétablir le bus 131.

Notre réponse

La moutarde me monte au nez. Je dois intervenir au nom de notre groupe. Il ne nous appartient pas de débattre en public si l’équipe de la direction générale nommée par le nouveau maire « n’avait pas l’intention » de réaliser le budget qu’elle avait mis au point, si elle a été aussi dynamique qu’il était possible de l’être dans le recrutement de nouveaux cadres, capables de mettre en œuvre instantanément le tournant écologiste et solidaire, ou si elle a consciemment freiné le recrutement d’ingénieur.es en développement durable…  Évidemment, pour Mme Esclangon, ce tournant écologiste donne une « mauvaise image » de la ville pour les cadres de droite ! Mais voilà : ce tournant brutal fut imposé par les électeurs en 2020. Et il s’est encore accentué aux élections de 2021 et 22 : si Le Bohellec fut battu par 52 à 48 % en 2020, Mme Esclangon, candidate suppléante sur le binôme macroniste aux élections législatives de juin dernier, vient d’être battue à Villejuif par 64 à 36 % par Sophie Taillé-Polian, élue municipale de la majorité !

Je concentre donc mon intervention sur un rappel des difficultés générales, de toutes les collectivités locales, à réaliser leurs investissements et à recruter des cadres pendant l’année 2021, même au Syndicat intercommunal de la Géothermie, au Grand Orly Seine Bièvre etc.

Oui, nous voulions « sincèrement » réaliser notre programme, et nous n‘avons pu faire dans l’année 2021 tout ce qui était prévu. Mais depuis nous rattrapons ce retard. Je donne l’exemple du Bd Chastenet de Géry (que je suis au niveau de la Clect, Commission locale d’évaluation des charges transférées entre Villejuif et le GOSB). Un gouffre s’est formé dans le gypse sous le boulevard au temps de Le Bohellec, empêchant le trafic poids-lourds et le passage du bus 131. L’ancien maire Le Bohellec n’a rien fait, malgré ses discours. La dépense était alors évaluée à 7 millions pour combler le gouffre et remettre une chaussée. Or des études plus poussées, en 2021, ont trouvé une solution moitié moins chère (3,5 millions), consistant à construire une sorte de pont au-dessus du gouffre. Villejuif propose (au budget supplémentaire que sera débattu quelques minutes plus tard) de mettre au pot 2 millions, et nous cherchons, en Clect, à faire prendre en charge par le GOSB, qui est propriétaire du boulevard, au moins une partie des frais. Et ce débat continue !

Quant au budget de fonctionnement, ce n’est pas les 1,7 millions économisés par le départ d’une brigade de policiers recrutée sous Le Bohellec qui rend compte de nos 10 Millions d’excédents. Oui, c’est difficile de recruter des policiers formés au maintien non-violent de la paix civile, quand toutes les municipalités se bousculent pour les recruter en proposant encore plus d’armements.

Oui, il y a des dépenses que nous n’avons pu faire. Mais nous avons su improviser le vaccinobus (et nous étions parmi les premiers en France !) et le faire financer par l’Agence régionale de santé. Car il faut souligner que nous avons aussi su récupérer des recettes inattendues.  Ainsi : la récupération de TVA, que l’équipe Le Bohellec avait négligé de demander, nous a rapporté 7 millions !

Les interventions de Gilles Lafon et de Gaëlle Leydier appuient ma démonstration. Cette dernière (maire adjointe aux ressources humaines) souligne que la difficulté à recruter des policiers municipaux vaut aussi pour les ingénieurs : « Effage paie plus que Villejuif ! »

On passe au vote. La droite vote contre… Et on passe au budget supplémentaire.

À suivre…

Alain Lipietz

***

 

Le compte-rendu du Conseil municipal du 29 juin 2022 est en plusieurs parties :

  1. Remaniement à Villejuif : au détriment des écologistes et des socialistes.
  2. Mme Tran To Nga élue citoyenne d’honneur de Villejuif
  3. Le budget 2021 était-il insincère ?
  4. Qu’allons-nous faire de tant d’argent ? Budget et PLU.
  5. À SUIVRE…

 

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