Comment l’ancien maire a laissé Villejuif sur la paille
Conseil municipal du 23 juillet 2020 (2)

Le conseil municipal du 23 juillet était le premier conseil « opérationnel » après celui de l’intronisation de la nouvelle équipe (voir sur le n° d’aout de Villejuif Notre Ville  la distribution des responsabilités au sein de l’exécutif). Nous avons vu comment il s’est conclu : par l’adoption quasi unanime d’un vœu proclamant l’urgence écologique à Villejuif, qui sera, nous l’espérons, le fil conducteur de ce mandat.

 

Les nouveaux groupes municipaux

Entre temps les groupes municipaux se sont formés. Pour la majorité : 3 groupes issus des 3 listes de premier tour qui ont fusionné, plus l’unique représentant de l’association Objectif 2020 désormais en froid avec le groupe socialiste Réinventons Villejuif avec qui ils avaient fait liste commune.

Plus étonnant : la scission de la liste du maire sorti, en deux groupes ! Le gros des 11 minoritaires gardent le nom de la liste Villejuif Rassemblée. Mais deux personnes, qui n’ont en commun que d’avoir quitté l’opposition dans le mandat précédent pour rallier F. Le Bohellec et les indemnités de conseiller délégué correspondant, Marc Badel  et Valérie Arlé, se sont constituées en groupe Villejuif en grand. Ils consacrent les quelques lignes de leur première tribune dans le n° d’Aout de VNV (page 21) à attaquer … « monsieur » , c’est-à-dire F. le Bohellec, et marginalement « un faire-valoir de monsieur [sans doute M. Zulke] tendre la main aux socialistes bobos de M. Weber mal inspirés par M. Lipietz ! » Bizarre, mais combien révélateur de ce que fut l’équipe de F. le Bohellec. Ni lui ni M. Zulke ne sont d’ailleurs présents.

Concrètement, cette opposition va s’opposer de manière quelque peu aléatoire. On l’a dit, le vœu sur l’urgence écologique est voté par Villejuif Rassemblée, avec une chaleureuse approbation de Mme Casel, mais VR votera contre le « rapport sur la gestion de Flobail », un truc compliqué que seul maîtrisait J. Cravalho dans les deux précédentes mandatures, et que tout le monde vote d’habitude les yeux fermés. Villejuif en grand fera exactement l’inverse.

En cette séance du 23 juillet, première réunion régulière depuis novembre dernier (j’excepte la réunion d’avril convoquée par l’opposition), il y a du boulot !

D’abord, la procédure normale en ce second conseil municipal : adopter une flopée de nominations à des institutions périphériques, de la Semgest à la Géothermie (dans ces deux cas attribués à notre liste Villejuif-écologie, du fait de leur importance dans la transition écologique) Ça va assez vite car tout a été négocié à l’avance, y compris la représentation de l’opposition. On n’a quand même pas fini, je donnerai la liste des nommé.e.s plus tard.

Ensuite nous devons d’un coup voter les comptes administratifs 2019, le rapport d’orientation budgétaire et le budget 2020 ! Pour mémoire le rapport d’orientation 2019 avait été débattu en novembre 2018  et le budget 2019 voté en janvier. Mais le maire sorti, n’ayant plus de majorité, n’a rien fait de cela jusqu’en mars 2020. Puis le Covid-10 est arrivé. Puis F. le Bohellec a été battu ! On doit donc adopter le budget 2020 qu’il a fait préparer, avec de petits amendements, et on remet à plus tard un budget rectificatif. Mais d’abord, les comptes administratifs 2019.

 

Les comptes effrayants de 2019.

 

Il s’agit de discuter ce qui s’est officiellement passé en 2019. Gilbert Chastagnac, le 2e adjoint, fait au préalable, au nom du groupe Ensemble pour Villejuif  (Pcf et alliés) une déclaration générale centrée sur le budget 2020, principalement orientée contre le « pacte de Cahors » par lequel le Président Macron a interdit aux villes de fixer elle-même la progression de leurs dépenses de fonctionnement. Mais, étant l’un des rares « anciens élus » de la nouvelle majorité, je tiens à ce que le débat ait lieu aussi sur le bilan de 2019. Voici mon intervention.

« Chères et chers collègues,

L’évangile dit « Laissez les morts enterrer les morts ». Quel intérêt y -a-t-il à débattre des comptes d’une année écoulée sous la direction d’un ancien maire qui a été depuis rejeté par la population, a quitté la vie politique et ne vient pas au conseil municipal ? Trois raisons : pour l’histoire, pour prendre la mesure de l’héritage, et pour répondre aux menaces de plaintes en diffamation.

Pour l’histoire d’abord.

2019 était, comme 2013, la dernière année pleine d’une mandature. On peut donc faire des comparaisons. En 2013, l’encours de la dette était de 107,2 millions d’euros. Fin 2019, l’encours est de 112,6 millions d’euros. Soit 5,4 millions de plus. Le service de la dette est passé de 11,2 à11,5 millions par an. On mesure ici combien la «désendettement» de Villejuif, unique critère, unique objectif proclamé de gestion le Bohellec, n’était que pompeuse et mensongère propagande ! 

Et pourtant… Au nom de cet objectif de désendettement, la plus grande partie de nos réserves foncières a été bradée aux promoteurs. Et lors de l’ultime « état des effectifs » qui nous a été présenté, au printemps 2019, 112 postes budgétés n’étaient  pas pourvus !

L’héritage ensuite.

Outre la perte de ces réserves foncières, qu’il faudra bien reconstituer, car les chantiers en cours vont augmenter la population de la ville, qui aura donc besoin de nouveaux bâtiments publics, outre ces personnels qu’il faudra bien embaucher un jour, la capacité de rembourser et d’investir s’est effondrée au fil du temps, même après la résolution, avec l’aide de l’Etat, de la crise des emprunts toxiques. Alors qu’il est recommandé de ne pas dépasser une capacité de désendettement de 12 ans (le nombre d’année nécessaires pour rembourser les dettes si le  solde du budget de fonctionnement restait le même), cet indicateur n’a cessé de se dégrader : 7,34 années en 2017,  8,08 ans en 2018, 9 ans en 2019.

Mais le plus significatif est la réponse ici apportée à la menace de plainte en diffamation portée par le maire d’alors contre moi lorsque, en novembre 2018, j’annonçais au nom du groupe L’Avenir à Villejuif /EELV que son budget 2019 était, comme celui des autres années, insincère.

Eh bien, je le confesse, il était en effet insincère, mais pas dans le sens que je croyais. Je pensais routinièrement que, comme les autres années, ce budget 2019 serait excédentaire parce que le maire sorti ne réaliserait pas les dépenses promises au bénéfice des Villejuifois, afin de se réserver un trésor de guerre à dépenser pendant la campagne électorale, début 2020. Ce qui s’est révélé exact, c’est qu’il n’a pas respecté le « Pacte de Cahors » qui limitait les dépenses de fonctionnement. Du coup, notre nouvelle équipe est condamnée à payer une amende de 1,5 millions d’euros, à cause des fautes d’un maire que les Villejuifois ont rejeté !

En fait, c’est l’ensemble du budget de 2019 qui pour la première et unique fois se retrouve déficitaire, car F. le Bohellec a commencé sa campagne électorale, en jetant l’argent des Villejuifois par les fenêtres, non pas en janvier 2020, mais dès l’été 2019 et même avant  !

Dans le rapport d’orientation budgétaire 2019  présenté par lui en novembre 2018, le maire sorti annonçait « Nous prévoyons de dégager 9 millions d’excédent en budget de fonctionnement, mais nous espérons dégager 15 millions ». En fait seuls 8 millions d’excédents seront dégagés en budget de fonctionnement pour financer l’investissement. Et malgré quelques 20 millions de reports des années précédents non dépensés, malgré les emprunts illégaux contractés en douce par le maire en novembre 2019  , le budget total se retrouve en déficit, et reporte, sur l’année 2020, 11 millions de recettes de moins que les dépenses restant à couvrir !! 11 millions que la nouvelle équipe va devoir trouver.

Comment s’explique ce résultat catastrophique ? Nous allons devoir l’examiner, mais il y a ces dépenses clairement électorales qui ont alimenté l’actualité depuis l’été 2019.

  • Il y a les énormes dépenses de la campagne d’affiches « Avec vous Villejuif se révèle ». Selon le tribunal administratif de Melun , cette affaire est un acte « in-détachable des opérations électorales et susceptible d’invalider les élections » et donc ne pourrait être jugée que par le juge des élections, c’est à dire le Conseil d’Etat. Mais il y a une dimension pénale dans l’affaire : son auteur encourt un an de prison si c’est la Ville qui a payé, 3 ans si ce sont les promoteurs ! Or je ne suis pas parvenu à trouver dans les comptes administratifs de 2019 la somme correspondante…

 

  • Il y a ces dépenses de voirie et d’enlèvement des ordures ménagères et encombrants, qui sont de la responsabilité du Grand Orly Seine Bièvre, mais que le maire sorti a tenu à prendre en main lui-même, avec l’argent de Villejuifois, pour montrer qu’il était « un bon maire » hyperactif, alors que les Villejuifois avaient déjà reversé des impôts au GOSB pour cela ! Ils ont dû ainsi payer deux fois.

    Exemple : le GOSB se retrouve en excédant de recettes de 600 000 euros sur la Taxe sur les Ordures Ménagères payé par les Villejuifois, parce que le maire sorti a passé un contrat avec une entreprise privée pour faire le même travail !

 

  • Il y a surtout le contrat Fayolle sur 3 ans, contracté l’année précédente pour des « petites réparation de voierie ». On avait compris : « pour boucher des nids de poule » ? Mais le maire sorti, par sa fameuse « décision 147 » , a dépensé les 2e et 3e années du contrat dès le second semestre de 2019. Soit 3,5 millions d’euros pour des aménagements somptuaires et pas très heureux en centre-ville, ou pour raser les tilleuls de la rue Bizet et les remplacer par des balançoires.  

Ultime détail : le bizarre traitement des emprunts illégaux du 28 novembre 2019 dans ces comptes. Le budget 2019 prévoyait d’emprunter 10 millions pour renégocier des emprunts toxiques hérités de la gestion Cordillot, plus 8 nouveaux millions de dettes. Il a emprunté (décision 172) 15,5 millions  pour la renégociation de la dette, et 9,8  de dette nouvelle. Que lit-on dans le les comptes administratifs ? 10 et 8 millions, à la virgule près, comme dans le budget primitif ! Etrange. »

 

Et je n’ai même pas parlé du budget « Fetes et cérémonies  » multiplié par 10 pour cette année pré-électorale….

Les élus de l’ancienne équipe n’ont pas grand-chose à répondre : il s’agit de leur propre gestion, des comptes réalisés par eux. Ils hasardent : « Tantôt vous nous dénoncez parce qu’on ne dépense pas assez, tantot parce qu’on dépense trop… » ou encore « Mais de toute façon nous avons gardé une capacité de remboursement très inférieure à 12 ans : 9 ans . »

Quelques minutes plus tard, Natalie Gandias, intervenant sur le budget 2020 qu’ils nous ont légué, observera : « Mais pour 2020, vous prévoyez déjà 11 ans ! »

 

**********

Le compte-rendu du Conseil municipal du 23 juillet est en trois parties :

    4 commentaires

  1. Mon cher Alain,

    A vouloir trop démontré, tu deviens illisible.

    Concernant le budget 2018, tu ne donnes pas la teneur du jugement du TA. Pourquoi?

    Tu mélanges à dessein, dépenses de fonctionnement et d’investissement; les reports évoquées n’existant que pour ces dernières.La réalité est que l’insuffisance en investissement n’est en réalité que d’environ 300.000 € ; cette somme aurait été facilement par emprunt lors d’une décision modificative

    Quant aux dépense soit disant électoralistes, tu ne démontres rien et affirmes sans preuve.

    Malheureusement tu sembles avoir vite adopté les méthodes de ton allié majoritaire.

    Dommâge

  2. Bon ça commence mal. J’ai eu également une mauvaise surprise pour les locataires de Beausoleil. Pour ne pas être vendue à une Foncière le Maire avait un protocole bien défini à faire, or il a simplement envoyé une lettre à son « Camarade Benoist comme il l’a nommé » Mr APPARU Benoit qui fait parti de notre Directoire . Résultat nous passons au 1er janvier à une Foncière (qui se compose d’actionnaires) Merci Monsieur LE BOHELLEC.

  3. Jeanine,

    Il faut être complète

    Quel était ton ancien bailleur? Quels étaient ses actionnaires?

    Quel est ton nouveau bailleur.? Quels sont ses actionnaires?

  4. Mon cher Alain

    J’avais pensé qu’à force de répéter que le budget 2018 était insincere tu avais fait un action judiciaire: tu m’apprends qu’il n’en est rien.

    Concernant le pacte de Cahors, tu n’es pas sans ignorer que l’Etat à renoncé à appliquer les sanctions financières prévues.Quant aux recettes d’investissements, je ne suis pas sûr que toutes les alienations foncières aient été effectuées.il vous reste quelques opportunités

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