Elections locales du 20 juin : premier bilan !

On ne va pas se mentir : le score de l’équipe que nous soutenions aux élections départementales, nos ami.e.s de Villejuif-Écologie, Fabienne Schouler et Salem Meddahi, et les socialistes Pierre Bouget et Malika Kacimi, est pour nous une déception : 18 %. C’est à peine la somme de nos deux listes aux municipales, Villejuif-Ecologie et Réinventons Villejuif . Comme dans toute la France, aux régionales comme aux départementales,  ces élections locales offraient une considérable prime aux sortants, et le tandem de Pierre Garzon et Flore Munck nous devance nettement (39%). Nous les félicitons, et nous mobiliserons pour leur victoire définitive dimanche prochain.

On ne peut cacher non plus notre satisfaction : le score de nos deux courants aux élections régionales (Audrey Pulvar 13,18 % + Julien Bayou 12,65 %) est au contraire à Villejuif nettement au dessus du score de la liste que soutenait le tandem Garzon-Munk (23%), malgré la « dissidence narcissique » d’un nommé Victor Pailhac qui a capté 2,14 % pour une soi-disant liste verte, « Oser l’Écologie ». Dimanche prochain, le vert Julien Bayou portera les couleurs de toute la gauche francilienne face à Valérie Pécresse, avec des chances raisonnables de l’emporter. Avec un autre écologiste, Mathieu Orphelin en Pays de Loire, l’Ile de France est d’ailleurs l’une des deux seules régions que la gauche peut espérer conquérir : la gauche unie, sous la conduite d’un écologiste. L’écologie est la « gauche du XXIe siècle », comme le fut le socialisme au XXe siècle et la démocratie au siècle précédent. L’écologie est en tête de la gauche… quand elle part à l’assaut de la droite.

On ne peut cacher notre joie : le Rassemblement National s’effondre à Villejuif (7,4 % aux départementales, contre 16 % en 2015), comme dans toute la France . Et la claque subie par F. Le Bohellec, soutenu par les instances nationales de La République en Marche et du Modem  : 36%, alors qu’aux municipales de l’an dernier il recueillait encore au premier tour sur son nom 43% tandis que LaREM en recueillait 5,3%.

Mais tout cela s’efface devant le score effrayant de l’abstention : 70,5 %. Qui n’a rien de spécifique à Villejuif.


Les raisons d’une abstention


La « crise de la démocratie représentative » est une vielle histoire. Sa racine : on a de moins en moins l’impression que son propre vote changera quoi que ce soit. Pas forcément parce que les politiciens sont des menteurs, mais parce que les « niveaux réels de la décision » sont de plus en plus lointains, hors de notre portée. Et cela pas seulement à cause de la mondialisation : 80% du travail que nous consommons dans notre vie a été produit à moins de 20 km de chez soi, on pourrait espérer s’entendre localement pour que ce soit fait correctement et solidairement ! Mais le niveau d’abstention pour ces élections départementales et régionales est inouï, parce que les réformes récentes des institutions locales (lois Mapam et Notre, fusion des régions) ont complètement détruit en France le rapport visible entre ces collectivités locales et la vie quotidienne locale.

Qui sait encore aujourd’hui ce que fait au juste le département ? la région ? Et à Villejuif : la municipalité ? le Grand Paris ? l’Établissement public territorial Grand Orly Seine Bièvre ? Qui sait encore en France les limites exactes de sa propre région, et la somme des « intercommunalité » où les vraies décisions sont prises par des élus au 3e degré ? Et je ne parle pas des mécanismes électoraux, que même les candidats ne maitrisent pas.

Notre liste villejuifoise avait bien tenté de « localiser » le débat, de lier l’élection à des luttes en cours à Villejuif. Certains de nos tracts visaient en plein dans les compétences départementales (RSA pour les jeunes, forêts urbaines) , d’autres « impliquaient » le département, mais pas clairement :

Décharge sauvage des Hautes Bruyères : la Redoute appartient à l’Etat, encastrée dans une ZAC appartenant au GOSB mais « d’intérêt national », jouxtant en effet un parc départemental, « d’importance régionale ».

– Le bus 131 : combler le trou qui s’est formé dans le gypse sous le bd Chastenet de Géry, qui appartient au GOSB, est hors de prix (7 millions d’euros) pour la Ville comme pour le GOSB, le département peut jouer un rôle d’accompagnement, mais en fait personne ne sait plus bien qui devra payer.

L’enchevêtrement des compétence achève de vider la démocratie locale de tout sens, et même compromet l’efficacité. Notre campagne fut suivie avec sympathie, nos thèmes approuvés, mais ils n’étaient pas des enjeux qui se régleraient ou pas en fonction du résultat du vote. Les sortants (P. Garzon au département, Valérie Pécresse à la région) pouvaient toujours se targuer de ce qui avait été réalisé par eux ou par d’autres dans leur secteur géographique, appuyés par d’épais cahiers généreusement distribués dans les boites aux lettres, et bénéficiaient ainsi de la « prime aux sortants ». Il était difficile dans ces conditions de démontrer le « plus » qu’apporterait notre victoire.

Bien pire est l’échec de ceux qui feignirent de se tromper d’élection : le Rassemblement National et La République en Marche. Les Français ne sont pas des imbéciles. Quand le RN se présente à des élections cantonales en n’affichant que la tête de sa future candidate aux présidentielle (et juste le nom de fantômes qui la représentent, même pas leur photos : existent-ils réellement ?) , quand il axe sa propagande sur la « Sécurité » alors qu’en France n’existent que des polices nationale ou municipales, et que personne n’a envie de payer des impôts supplémentaires pour créer des polices départementales et régionales (et même pour les municipales, ça traine les pieds), alors l’électeur le plus farouchement sécuritaire et lepeniste ne se déplace pas, ou peu. Quand le macronien Saint-Martin se présente pour dire « Soutenons la politique du Président Macron », eh bien même les macronistes endurcis attendront l’élection où Macron se présentera.

À l’inverse, comprenant de mieux en mieux que les grandes décisions se prennent « à Bruxelles », l’électorat a voté plus massivement aux élections européennes de 2019 que de 2014. La montée de l’abstention n’a rien d’une fatalité.

Ajouter à cela le déconfinement précipité, dans un but manifestement électoraliste : si on ne comprend pas à quoi servent ces élections, on profite, enfin, de son week-end. Je me souviens du temps où les élections de mai-juin voyaient un pic de fréquentation entre 19 h et 20h, « après avoir bien profité de son dimanche». Cette fois l’électorat a profité de l’heure d’été, jusqu’au bout.


La bataille de Villejuif : KO pour Le Bohellec ?


Dans ce brouillard, les 30 % qui se déplacent quand même ne votent pas pour les détails de leur vie quotidienne qui dépendraient des politiques mises aux voix. Sinon, les femmes et les jeunes, principales composantes du vote écolo, se seraient déplacés en masse, or ils et elles ne l’ont pas fait. Les votants du 20 juin forment une couche minoritaire d’électeurs qui s’intéressent même un petit peu à la politique électorale, disons « le troisième cercle » des partis politiques.

Et à Villejuif dans ce petit monde, la question était ouvertement (même la presse le disait) la question de la « revanche de Le Bohellec », le maire de droite battu il y a juste un an et qui depuis, comme Donald Trump, prétend jusqu’au Conseil d’État qu’il ne doit sa défaite qu’à la fraude… dans une élection que lui-même avait organisée !!

Nous espérons, non sans quelques craintes, que l’électorat qui a voté il y a un an pour une liste « Tous ensemble » rassemblant communistes, écologistes, socialistes, et soutenue par la France Insoumise, acceptera de voter pour un tandem ne comprenant QUE des communistes. Lesquels savent désormais qu’ils ne devront leur élection qu’au soutien des 18 % d’électeurs écologistes et socialistes. Le Bohellec au contraire n’a pas d’autre réserve de voix que celles du RN et d’un éventuel sursaut des abstentionnistes de droite. Il n’est pas KO debout (ne nous démobilisons pas dimanche prochain !), mais il est un genou à terre. 

Et c’est tout à fait compréhensible. Avant le vote de juin 2020, il avait trahi tous ses alliés de 2014, et achevé de se brouiller avec ses amis centristes locaux. Ni le Modem, ni LaRem n’avaient voulu l’investir. Depuis sa défaite de juin 2020, ce « chef naturel dont l’autorité ne saurait être contestée » s’est, en moins d’un an, brouillé avec près de la moitié de ses co-élus. Les instances nationales du Modem et de LaRem ont quand même investi, on se demande pourquoi, ce multirécidiviste déjà plusieurs fois condamné, en tant que maire, par la justice et sous le coup de plusieurs enquêtes policières. Ça n’a pas convaincu les électeurs centristes de Villejuif qui le connaissent désormais trop bien. La « population votante » de Villejuif lui a signifié son congé : « Ah ! ça suffit ! »

Notre tandem, Fabienne et Pierre, si valeureux, est la victime collatérale de cette querelle locale : « Confirmer le nouveau maire, contre l’ancien maire qui nous a fait tant de mal ». Le cas n’est pas isolé : voyez Vitry, si proche de nous par le voisinage et pour beaucoup d’entre nous par les liens de famille. Là, tout s’est joué comme un règlement de compte entre la tête de liste communiste élue par les Vitriots aux municipales de juin 2020 et un autre communiste qui s’est imposé comme maire par un « putsch au 3e tour », lors du premier conseil municipal. Indignés, les Vitriots viennent de donner une large victoire au « maire légitime » (JC Kennedy) contre le « maire légal ». Les candidat.e.s écologistes de Vitry sud se retrouvent troisièmes (à une voix près !) derrière deux tandems communistes rivaux Rageant. Mais la fraude est si importante (pas de bulletin vert pendant 5 heures dans un bureau de vote) que l’élection sera sans doute rejouée. A Vitry Nord, ils sont seconds, mais devront affronter JC Kennedy…. qu’ils avaient soutenu par loyauté républicaine face au putsch ! C’est la vie…

Mais, dans les mêmes bureaux de vote villejuifois, ceux-là même qui venaient de voter pour le tandem du nouveau maire et conseiller départemental communiste sortant… se lâchaient dans l’urne d’à côté et votaient aux régionales pour les listes écologistes et socialistes ! Et aux élections départementales, les électeurs écologistes progressent partout, doublant leur influence par rapport à 2015, mais aussi, souvent, par rapport aux élections européennes de 2019. Dans les cantons où la droite n’est pas une menace, les écologistes maintiennent leur candidature au second tour. Au total ils seront présents dans 11 cantons du Val de Marne. Mais pas à Villejuif. 

Tableau simplifié résultats Cantonales IdF 2021 et positions pour 2e tour (cliquez)

Dimanche prochain donc, toute la gauche et les écologistes villejuifois pourront être contents !

Nous devons apporter tout notre soutien :

  • Aux élections départementales, pour le tandem Garzon-Munck soutenu par toutes les forces de gauche et écologistes,
  • Aux régionales,  pour la liste conduite par Julien Bayou, écologiste, composée avec toutes les forces de gauche !

Alain Lipietz

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