Natalie Gandais, adjointe au zéro-déchet, avait écrit le 3 septembre au ministre de l’Intérieur Darmanin au sujet de la décharge sauvage de la Redoute. Le 4 décembre, celui-ci a répondu ! L’affaire était transmise à « Monsieur le directeur de l’unité départementale de la direction régionale et interdépartementale de l’environnement et de l’énergie d’Ile de France » (ouf…) , qui la tiendrait « informée de la suite réservée dans les meilleurs délais ».
Nouvelle lettre aux services de l’État
Après trois mois d’attente, c’est le choc : au lieu d’intervenir, l’État annonce que la décharge sauvage deviendra une décharge officielle. Natalie Gandais prend alors sa plume pour relancer le fameux dir. de l’UD de la DRI de l’EE de l’IdF (re-ouf), pour dire son mécontentement et rappeler les demandes de Villejuif :
« Monsieur le Directeur,
Je suis la maire adjointe au zéro-déchet de la commune de Villejuif, sur laquelle prolifère une montagne d’ordures, décharge sauvage, dans l’enceinte de la Redoute des Hautes Bruyères, propriété de l’État.
Le 4 septembre 2020, j’ai écrit à Monsieur le ministre de l’Intérieur pour attirer son attention sur ce drame écologique, qui est aussi humain (une mafia asservit les habitants du bidonville installé dans les douves, en particulier les enfants, au tri de ces déchets.) Le 4 décembre 2021, le ministère m’a répondu, via la Préfecture du Val de Marne, que vous étiez saisi du problème. Je pensais donc que vous prendriez rapidement contact avec moi. Des événements récents m’incitent à vous demander une rencontre.
Je vous rappelle que l’affaire comprend trois volets :
- Immédiatement : Interrompre la noria de camionnettes qui d’heure en heure font grandir la montagne d’ordures. Lors de la visite de M. le Préfet sur le site, le 13 septembre, j’ai pu demander aux policiers présents d’intercepter 4 camionnettes. Il ne devrait pas être difficile de les intercepter toutes.
- A court terme : évacuer la montagne d’ordure et dépolluer le site, qui se trouve sur les sources d’une nappe phréatique alimentant la totalité des puits de L’Hay-les roses, Chevilly, Cachan et Arcueil.
- Parallèlement : reloger les habitants du bidonville et scolariser leurs enfants,
- A moyen terme : réaffecter le site.
Alors que depuis ma lettre rien n’a avancé sur les aspects immédiats ni à court terme, des déclarations contradictoires au sommet de l’État viennent d’obscurcir l’horizon à moyen terme. Le 4 février en effet M. le Président de la République a exprimé son soutien à la demande du maire de Villejuif de réaffecter la Redoute au projet Campus Grand Parc, Opération d’Intérêt Nationale. Je dis « réaffecter » car, comme je le rappelle à la fin de ma lettre du 4 septembre, l’Etat a plusieurs fois varié à ce sujet (voyez aussi wikipedia !).Cette position présidentielle est confirmée par un courrier du 19 février du directeur de cabinet du Président de la République au maire de Villejuif, dans les termes suivants : « Vous pouvez être certain de l’attention portée par le Chef de L’État à vos attentes concernant la cession du patrimoine foncier de l’État [la Redoute], afin de favoriser la réussite du projet « Campus Grand Parc » pour le développement d’un pôle de recherche et de santé. »
Quelle ne fut donc pas notre surprise quand le 2 mars, Mme Schiappa, ministre déléguée auprès du ministre de l’Intérieur, interpellée par Mme Gaillot, députée de notre circonscription, a répondu que la Redoute resterait une décharge publique (mais « controlée » !) jusqu’à une affectation ultérieure en bureaux du ministère de l’Intérieur ! Vous avez ici l’échange entre Mmes Schiappa et Gaillot.
Il semble en outre que ce projet corresponde aux demandes anciennes de l’entreprise Colas (voyez ici , dernier paragraphe), laissant ainsi planer le soupçon que le silence de l’État quant aux mesures immédiates que nous demandons depuis près d’un an viserait à rendre irréversible le destin de la Redoute : une décharge publique au cœur de l’OIN, en bordure d’un parc d’intérêt régional et du plus grand centre hospitalier d’Europe spécialisé en cancérologie.
Il va de soi que le vœu des Villejuifois est bien entendu celui exprimé par le Chef de l’État. C’est aussi le vœu des deux partenaires institutionnels intéressés au site dans le cadre de l’OIN, l’Institut Gustave Roussy de cancérologie qui a besoin d’étendre ses activités de soins, de recherche et d’enseignement, et la Sadev, aménageur de la ZAC intercommunale incluant la Redoute.
Pérenniser une décharge publique dans cet élément important de notre patrimoine historique, au coeur d’une OIN qui a justifié d’y faire se croiser deux lignes du métro Grand Paris Express, serait une aberration.
C’est pour lever cette ambiguïté, et pour avancer sur les mesures immédiates et à court terme, que je souhaite m’entretenir avec vous.
Veuillez agréer, monsieur le directeur, l’expression de ma considération distinguée.
Natalie Gandais »
La Redoute, point d’arrivée d’un trafic d’amiante organisé sur le Bon Coin !
C’est alors que notre ami Mostefa Sofi découvre sur Facebook l’effarant reportage de Margaux Beytout, Gabriel Moret et Hugo Clément « Sur le front », France 5.
En fait, les mafias qui tiennent ou utilisent la Redoute proposent sur Le Bon Coin de débarrasser particuliers et entreprises des déchets de chantier, d’amiante et autres produits dangereux. Elles certifient que ce sera déposé dans une décharge spécialisée. Mais les reporters ont caché un émetteur GPS dans un sac de faux amiante. Et ils traquent la livraison jusqu’à, devinez où ? la décharge sauvage de La Redoute.
Où des enfants trient les déchets métalliques dans la poussière d’amiante. Et cela depuis mai dernier…
Et les trafiquants précisent aux reporters que la police est au courant…
Bravo, Monsieur le directeur de l’unité départementale de la direction régionale et interdépartementale de l’environnement et de l’énergie d’Ile de France !
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