Il y a 60 ans, une manifestation pacifique d’habitants algériens, hommes, femmes et enfants, était massacrée, jetée à la Seine, emprisonnée, torturée, par la police, entre le bidonville de Nanterre et Paris. Ils ne faisaient que protester contre un couvre-feu imposé aux seuls « musulmans d’Algérie ». Ce crime a été caché, nié pendant des décennies, malgré le travail de quelques historiens.
Il y a dix ans, grâce à la mobilisation d’associations et d’élus villejuifois, une placette était consacrée à sa commémoration et, en cette année-anniversaire, deux cérémonies ont eu lieu à Villejuif. Hier, le Président de la République a enfin fait un pas dans la reconnaissance du crime.
A Villejuif, les commémorations ont commencé hier soir, à l’Espace-Congrès des Esselières, plein à craquer : concert de musiques arabes et amazigh de Skinfish, film de Jordan Anefalos avec l’acteur villejuifois Walid Mabrouk, A fleur de peau.
Ce matin, cérémonie sur la place du 17 octobre (rue Paul Bert, en face de l’entrée du parc Pablo Neruda). À nouveau une petite foule recueillie. Nous félicitons pour leur participation deux élues du groupe de l’ancien maire, qui boycottait ces commémorations. Après la traditionnelle intervention historique et documentée de Djamel Arrouche, rappel par Sandra da Silva (très émue) du processus démocratique d’adoption de cette placette en 2011, discours anti-raciste de notre sénatrice Sophie Taillé-Polian, puis discours de la première adjointe.
Gaëlle Leydier est intervenue en remplacement du maire qui, lui commémorait sur place l’exécution des martyrs de Chateaubriand, ces malheureuses victimes des vicissitudes de l’Histoire et de la lâcheté des Collabos (plusieurs, arrêtées à l’époque du pacte Hitler-Staline pour intelligence avec l’ennemi allemand, furent exécutées par Pétain à la demande des nazis !). Le futur maire de Villejuif à la Libération, Louis Dolly, se trouvait en effet parmi les détenus de Chateaubriand.
Elle a évoqué les hésitations des associations face au discours d’hier de Président Macron. « Un pas en avant est un pas avant » : le crime est maintenant reconnu. Mais quel étrange communiqué de l’Elysée ! « Sous l’autorité » du préfet Papon… « un crime inexcusable pour la République ». NON, de l’avis général : un crime inexcusable DE la république, mis en œuvre par le préfet Papon , qui s’était déjà « illustré » (et fut condamné) , à la fois à titre personnel mais déjà sur ordre, dans la déportation des Juifs du Bordelais.
Des enfants de Villejuif étaient associés au dépôt des gerbes, car l’essentiel des actes commémoratifs est de transmettre : les leçons du passé doivent servir le présent. Comme je l’expliquais dans mon discours de l’an dernier, les crimes « sur ordre » de la Police des frontières se poursuivent aujourd’hui en Méditerranée, dans les Alpes , contre les réfugiés…
Notre gerbe fut portée par notre élu municipal Mostefa Sofi et le conseiller régional écologiste val-de-bievrain Philippe Bouriachi :
Alain Lipietz
(Photos Gloria M et Alain L )
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