Une visio-réunion pour préparer le déconfinement dans les écoles de Villejuif
Compte rendu de la réunion du 30 avril 2020

Villejuif a été particulièrement frappée par l’épidémie de Covid-19 et tout le monde est inquiet des modalités de déconfinement le 11 mai.  Lors du conseil municipal du 20 avril, nous avons évoqué cette perspective de la rentrée du 11 mai dans les écoles de Villejuif.

Quelles seraient les priorités locales ? Comment protéger enfants, enseignants et parents d’un regain d’épidémie ? Chacun, chacune a des idées sur ces questions. Nous aimerions que l’ensemble des acteurs de la vie scolaire et périscolaire puissent être concertés en amont : enseignants, directeurs d’écoles, agents administratifs de l’éducation nationale, médecine scolaire, agents municipaux chargées de l’entretien des écoles, associations de parents d’élèves, ainsi que toutes les associations de solidarité et d’aide aux devoirs qui œuvrent au quotidien pour les familles en difficulté, et qui ont été particulièrement mobilisées à Villejuif depuis le 17 mars pour apporter leur secours aux familles les plus démunies. Hélas, jusqu’à la fin du mois d’avril, le maire de Villejuif s’est refusé à toute concertation. Et même, il n’a toujours pas rencontré les directrices des deux écoles qui accueillent les enfants de soignants à Villejuif : pourtant elles ont imaginé et adapté les protocoles d’accueil, et largement identifié les besoins (en matériel et en personnel) qui permettrait de répondre aux enjeux du déconfinement.

C’est pourquoi les conseillers municipaux du groupe EELV/Avenir à Villejuif, soutenus par l‘association Villejuif Écologie, avons organisé le 30 avril une visio-réunion des acteurs de la vie scolaire, à laquelle participaient également des conseillers municipaux des groupes PCF, Génération.s et LaRem.

Les participant-e-s

Pour la communauté éducative : Marie Gibon (association de parents d’élèves de l’école Jean Vilar) ; Isabel Gonzalez-Robatto (association de parents d’élèves École George Sand) ; Jeanine Rollin Coutant (présidente de l’association d’aide aux devoirs Réussite) : Élisabeth Arend (présidente de l’Épicerie Villejuifois solidaire) ; Isabelle Hamidi (institutrice de grande section de maternelle école Paul Langevin) ; Sandrine Recchia (administration du collège Guy Moquet) ; Christine Vaillant de la Perrière (Infirmière scolaire) ; Alice Tessier (Atsem)

Pour le conseil municipal : Natalie Gandais (EELV/Avenir à Villejuif) ; Alain Lipietz (EELV/Avenir à Villejuif) ; Gaélle Leydier (Front de gauche, communistes, citoyen) ; Sophie Taillé Polliant (Génération.s) ; Paulo Nunes (LaRem)

Pour Villejuif Écologie : Carel Assogba ; Danièle Toru ; Alice Stagnetto.

En introduction…

Natalie Gandais a rappelé la situation particulière à Villejuif, où la crise sanitaire et sociale se double d’une crise politique, le maire étant minoritaire depuis le mois septembre 2019, et sans budget voté pour 2020. La suspension du 2e tour des élections municipale provoque un prolongement de la crise politique. Toutefois les dispositions liées à l’état d’urgence sanitaire ont permis : la réunion d’un conseil municipal le 20 avril à la demande des conseillers d’opposition, une réduction des pouvoirs du maire, et la création d’une commission Solidarité où l’opposition au maire sera majoritaire pour décider des mesures à prendre notamment en soutien aux associations de solidarité.

Natalie Gandais a souligné que jusque-là le maire de Villejuif s’est refusé à toute concertation, à toute rencontre avec les représentants des parents d’élèves. Il a posé une série de question à l’inspectrice des écoles, mais n’envisage aucunement de contribuer matériellement à la réouverture des écoles dans de bonnes conditions. La seule chose qu’il ait faite a été de relayer pour les habitants l’offre du Grand Orly Seine Bièvre de fournir un seul masque en tissu lavable par personne.

Pourtant il est clair que pour envisager la réouverture des écoles, il faudra résoudre des questions matérielles (les espaces pour faire la classe, les espaces pour l’hygiène, les espaces pour la restauration scolaire). Il faudra avoir du personnel en nombre suffisant pour encadrer des groupes d’enfants et leur inculquer les mesures barrières. Il faudra aussi la contribution d’acteurs extérieurs, pour accueillir les enfants qui ne pourraient pas être accueillis à l’école, par manque d’espace ou par manque de personnel, car si les parents reprennent le travail, il faudra bien que quelqu’un s’occupe de leurs enfants, qu’ils aient école ou non. Autant de points qui relèvent de la compétence municipale.

Interventions des représentants de parents d’élèves

 Marie Gibon (école Jean Vilar) indique que les parents d’élèves demandent en vain une rencontre au maire. Face à ce silence incompréhensible, les parents, de plus en plus nombreux, pensent que la rentrée du 11 mai est impossible. Il leur est donc impossible de s’organiser pour leur propre reprise du travail. Beaucoup aussi s’inquiètent d’une ré-ouverture partielle et souhaiteraient que la Ville propose, en complément de l’école partielle, des solutions d’accueil de type accueil de loisirs. Tout ce silence contribue à accroître les craintes des parents, les fake news alarmistes qui circulent sur les réseaux sociaux n’aidant pas à retrouver la confiance dans le service public. Même si tout n’est pas résolu le 11 mai, il est nécessaire d’engager le dialogue pour préparer la réouverture progressive, mais aussi l’accueil de loisir cet été, et aussi tout simplement la rentrée de septembre.

D’autre part elle s’inquiète particulièrement du sort des enfants issus des familles défavorisées, celles-ci étant peu représentées dans les associations de parents d’élèves.

Enfin Marie Gibon regrette que la directrice de l’école maternelle Jean Vilar, une des deux écoles qui accueille les enfants de soignants, et qui a inventé au fur et à mesure les protocoles, ne soit aucunement consultée par la mairie. La directrice a transmis ses inquiétudes, notamment liée à l’insuffisance criante de moyens humains et matériels. Clairement, la période a mis en lumière les difficultés sanitaires pré-existantes à l’épidémie, que les parents dénoncent depuis bien longtemps.

Par contraste, la mairie donne aujourd’hui des consignes aberrantes comme le nettoyage des classes toutes les heures.

Les parents aimeraient que la ville consulte tous les parents en amont de la reprise, au moyen d’un questionnaire identique à celui envoyé par le maire du Kremlin Bicêtre, pour connaître leurs besoins et leurs intentions.

Isabel Gonzalez-Robatto est parent à George Sand, la première école où la circulation du virus a été identifiée dès le mardi 12 mars. Elle souligne l’urgence à imaginer des solutions, le département du Val-de-Marne étant l’un des plus touchés par l’épidémie. Elle souhaite une réflexion sur le long terme, notamment le dédoublement des classes y compris pour la rentrée de septembre. Elle insiste sur la détresse et l’anxiété des parents qui doivent absolument pouvoir retravailler, et qu’il serait grand temps de faire un état des besoins et un état des capacités d’accueil, afin de compléter les moyens humains et matériels qui permettront d’envisager la rentrée de septembre.

Interventions des associations de solidarité

Jeanine Rollin-Coutant (Réussite) a poursuivi son activité d’aide aux devoirs par téléphone, ce qui n’est pas facile quand les parents, issus de l’immigration, ne parlent pas ou peu le français. Elle indique que les membres de son association sont tou-te-s âgées et donc « à risques ». Les sites où elles interviennent sont exigus, et l’aide aux devoirs ne pourrait reprendre que si la Ville offrait des espaces plus spacieux. Elle déplore qu’aucune proposition n’ait été faite par la mairie pour les repas de midi. Ainsi, deux des enfants qu’elle accompagne ne mangent plus du tout le midi.

Élisabeth Arend (Épicerie solidaire) rencontre beaucoup de parents en difficulté, et leur procure une aide alimentaire. Pour ces familles l’absence totale d’information sur la reprise de l’école est dramatique. Des mamans isolées, qui ont des boulots précaires, sont extrêmement anxieuses, du risque sanitaire, du prix des masques. Leurs enfants s’ennuient à la maison, plusieurs sont restés complétement enfermés pendant deux mois. Les mères ont besoin de respirer, le retour des enfants à l’école leur permettra de retourner travailler.

Élisabeth, comme nous tou-te-s, est indignée que la ville n’ait rien proposé en remplacement de la cantine, que ce soit des plateaux repas ou des aides financières. Par contraste, des villes comme Paris ou Pantin ont accordé des aides financières à toutes les familles relevant des trois premiers quotiens familiaux. Elisabeth pense que la ré-ouverture de la cantine sera décisive pour que les familles renvoient les enfants à l’école.

Interventions des membres de l’éducation nationale

La directrice d’école que nous avions invitée n’ayant pas pu se joindre à la réunion, Natalie Gandais rappelle que les directeurs des écoles de Villejuif ont envoyé un courrier signifiant leur inquiétude. En effet, ils sont responsables de la sécurité des enfants et des adultes qu’ils accueillent. Ils ne pensent pas être en mesure d’assurer cette sécurité dès le 11 mai, faute de concertation sur les moyens qu’il faudrait mettre en œuvre.

Isabelle Hamidi (institutrice à la maternelle Paul Langevin) indique qu’elle et ses collègues sont prêtes à retourner travailler si c’est la décision qui est prise. Elle a appelé les parents de ses élèves et indique que plusieurs familles, inquiètes, sont dans l’expectative et attendent d’être informée pour décider si oui ou non elles enverront les enfants à l’école.

Sandrine Recchia (administration du collège Guy Moquet) indique que l’incertitude est la même dans les collèges, qui rouvriraient en principe le 18 mai. Elle est particulièrement inquiète de la réouverture de la cantine, beaucoup d’enfants souffrant d’alimentation insuffisante depuis le confinement.

Christine Vaillant de la Perrière, infirmière scolaire, est conseillère technique de santé. Malgré cela, aucun directeur d’école n’a encore répondu à ses courriers proposant son concours pour expliquer aux enfants et adultes les gestes barrières et précautions sanitaires. Pourtant, avec cette épidémie, et les autres qui pourraient venir, il faudra changer complètement de manière de faire, et pour longtemps. Elle rappelle que la distance de sécurité est 1,50m et pas 1m. Selon elle, il faudrait des masques pour tous les enfants, dès l’école élémentaire. Il faudra instaurer de l’éducation sanitaire dans toutes les écoles. Il faudra responsabiliser les enfants sur les questions d’hygiène. Et leur apprendre à nettoyer leur espace et leur matériel de travail, pour soulager le personnel d’entretien. Une réunion des infirmières scolaire doit se tenir en début de semaine.

Intervention du personnel municipal

Alice Tessier, Atsem, souligne que, s’agissant du personnel municipal dans les écoles maternelles, les Atsem (Agentes municipales au service des écoles maternelles) ne savent rien de ce qui adviendra le 11 mai, elles n’ont pas encore été contactée par la Ville. En temps « normal » elles sont déjà en nombre insuffisant : 1 par classe de petite section, 1 pour deux classes de moyenne section, et zéro pour les classes de grande section. Ces dames se répartissent une énorme charge de travail, étant présentes dans les écoles maternelles de 7h30 à 16h30 sans interruption sauf une courte pause quotidienne de 30 mn. De plus elles doivent régulièrement assumer le travail de leurs collègues en arrêt de travail.

A la reprise du 11 mai, il est possible que plusieurs d’entre elles ne pourront pas reprendre le travail, ayant les unes des enfants qui ne seront peut-être pas accueillis à l’école ou à la crèche, d’autres, habitant loin, étant tributaires des capacités réduites des transports en communs, d’autre ayant à la maison une personne à risque. Elles s’inquiètent de la reconduction des dispositions de chômage ou arrêt de travail pour garde d’enfant, ou même de la reconduction de leur contrat de travail pour les contractuelles.

Alice Tessier indique aussi que l’organisation actuelle des wc des maternelles, avec un dévidoir de papier éloigné des cuvettes de wc, ne facilite pas l’hygiène. D’autre part, les sèche-mains électriques ne fonctionnent pas toujours bien. Le temps de séchage des mains est long (plusieurs minutes) et regroupe souvent 5 à 6 enfants sur le même appareil. Avec les nouvelles réglementations ils devraient passer un par un et rester le temps nécessaire pour bien sécher les mains, ce qui est juste impossible dans le temps imparti entre la classe et la cantine.

En l’absence de protocole connu, elle s’inquiète d’une charge de travail encore accrue du fait des nettoyages plus fréquent, des opérations quotidiennes de désinfection des poignées de porte, des jouets… Elle s’inquiète également des modalités qui seront retenues pour la cantine, rappelant qu’en temps « normal » une Atsem accompagne le repas des petits, partageant avec 11 enfants une table de 12. Selon son estimation, pour respecter les distances, les mêmes tables ne pourront accueillir que 4 personnes.

Outre les Atsem, dans les écoles élémentaires, du personnel municipal est en charge du ménage.

Interventions des élu-e-s

 Après les interventions des acteurs de la vie scolaire, les conseillers municipaux sont intervenus : Sophie Taillé Pollian indique qu’une première version du protocole pour ré-ouvrir les école a été publié ce jour. En tant que mère, elle s’interroge sur les moyens d’un retour à la normale, pour que l’école remplisse ses missions. Gaelle Leydier souligne les responsabilités du gouvernement dans la crise, et que l’école est une affaire sérieuse : suspendre l’accès à l’école peut gravement handicaper le futur des enfants. Paulo Nunes engage les conseillers municipaux à dépasser les clivages politiques pour répondre au mieux aux besoins des habitants victimes de l’épidémie et de ses conséquences.

Un débat a suivi…

Tandis qu’Alice Tessier s’inquiétait de la quantité de nettoyage et désinfections de jouets qu’il faudrait envisager dans les maternelles, Christine Vaillant de la Perrière a tranché : « il n’y aura plus de jouets ! Nous devons réellement inventer de nouvelles pratiques ! ». Quand à  Alice Stagnetto, cadre de santé, elle a suggéré qu’en l’absence de personnel suffisant, on mette les parents à contribution par exemple pour l’accueil à l’entrée de l’école. Elle souligne combien les toilettes actuelles, étant souvent loin de l’entrée de l’école, sont inadaptées pour un lavage de mains dès l’arrivée à l’école, et suggère qu’on installe des distributeurs de gel à l’entrée.

En conclusion...

Natalie Gandais a conclut : la réouverture des écoles à partir du 11 mai pose énormément de questions. S’agissant des locaux, selon les normes « covid » les classes actuelles pourront accueillir au maximum une douzaine d’élèves. Où accueillir les autres, qu’il y ait sélection des enfants « prioritaires » ou des roulements ?

Le maire s’en remet au gouvernement, attendant les consignes plutôt que d’organiser la concertation. Le gouvernement semble avoir pris acte qu’il sera impossible d’accueillir tous les enfants, oubliant l’obligation scolaire et faisant reposer sur les familles la décision de renvoyer ou pas leurs enfants à l’école. Les familles sont soumises à plusieurs impératifs : retourner physiquement au travail pour certaines, tout en trouvant des solutions de garde pour leurs enfants, que ce soit à l’école, si l’école rouvre à temps partiel, ou ailleurs. Dans leur décision de renvoyer ou pas leurs enfants à l’école, la crainte d’être à leur tour victime du Covid pèsera lourd dans la balance.

D’autre part, le gouvernement fait reposer l’organisation de la réouverture des écoles d’une part sur l’administration de l’éducation nationale pour ce qui est des protocoles à respecter et d’autre part sur la bonne volonté des élus locaux pour la mise en œuvre des protocoles.

Dans cette période de crise sanitaire dans le monde entier qui se double d’une crise politique à Villejuif, nous sommes mobilisés pour faire entendre la parole des parents et des acteurs de la vie scolaire. Le 11 mai n’est pas une fin, c’est le début d’une organisation qui doit se mettre en place dans la durée, une organisation qui doit imaginer des sites nouveaux et des activités nouvelles, notamment en plein air, une organisation pour l’accueil de loisir cet été, pour la rentrée de septembre, une organisation à laquelle tous les acteurs locaux devraient être invités à contribuer, y compris les nombreuses associations locales qui sont aptes à proposer des activités périscolaires pour compléter la prise en charge des enfants qui ne pourraient pas être pris en charge à l’école.

 

Pour finir, le groupe EELV/Avenir à Villejuif demande au maire :

-> La diffusion d’un questionnaire à tous les parents

-> L’organisation des réunions de concertation

-> Le recrutement immédiat d’Atsem en nombre suffisant

-> La fourniture à tous les enfants de 3 masques en tissu lavable

-> L’organisation de séances de formation à l’hygiène et aux gestes barrière

-> La définition de nouveaux espaces pour que les classes et/ou les activités périscolaires puissent se dérouler en toute sécurité. Notamment des espaces en plein air (cours d’écoles, parc municipaux fermés au grand public…)

-> Le lancement d’un appel à projet « activités périscolaires » en direction des associations

-> La préparation du projet « accueil de loisir » pour l’été

-> La délivrance à chacune des familles relevant des trois premiers quotients familiaux de chèques mensuels de 200 euros par enfant.

-> L’accès prioritaire à la cantine pour les enfants des familles les plus démunies

 

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